La construction du roman "générationnel" d'un collectif de poètes lycéens

La construction romanesque et les rythmes de la narration


André Gide a conçu Les Faux-Monnayeurs suivant des modèles géométriques : l'entrelacement d'intrigues simultanées, la symétrie, l'ellipse avec double foyer (pôles de sympathie et/ou de sympathie), la mise en abyme, la multiplication de points de vue...

Ces procédés provoquent chez le lecteur une impression de foisonnement, d'omniscience, mais aussi de vertige, de scepticisme et de confusion avec une vérité qui, suivant Nietzsche qui a beaucoup , n'apparaitrait jamais sans ses voiles.

Contrairement à l'esthétique du roman réaliste, le culte de la fragmentation et le refus de la durée, la manie du retour en arrière qui brise la continuité du récit, relèvent de la composition musicale ainsi que le soulignent André Gide qui évoque dans le Journal des Faux-Monnayeurs César Franck et ses imbrications de "motifs d'andante et d'allegro" et le personnage d'Edouard reflet du romancier mis en abyme dans le roman qui se réfère à L'Art de la fugue de Bach pour composer son propre roman.

"C'est la contradiction qui donne la vie en littérature", Balzac

Les amis de Gide lui ont souvent reproché les contradictions de sa personnalité :

"Permettez-moi de vous dire, sans grossièreté, que vous êtes comme la lune... De quelque façon qu'on s'y prenne, on 'en voit jamais qu'un morceau, et le plus que l'on puisse embrasser d'un même coup d'oeil n'est jamais que la moitié de Gide, dont les deux pôles ne se trouvent jamais éclairés en même temps." Correspondance, Gide-Roger Martin du Gard

"C'est en écartelé que j'ai vécu", André Gide


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"Chaque soir je me replonge, une demi-heure durant, dans le Kunst der Fugue. Rien de ce que j'en ai dit l'autre jour ne me paraît plus bien exact. Non, l'on ne sent plus là, souvent, ni sérénité ni beauté ; mais tourment d'esprit et volonté de plier des fomes, rigides comme des lois, et inhumainement inflexibles. C'est le triomphe de l'esprit sur le chiffre ; et, avant le triomphe, la lutte. Et, tout en se soumettant à la contrainte, tout ce qui se peut encore, à travers elle, en dépit d'elle, ou grâce à elle, de jeu, d'émotion, de tendresse, et, somme toute, d'harmonie", Journal d'André Gide, 7 décembre 1921.

"Je suis comme un musicien qui cherche à juxtaposer et imbriquer, à la manière de César Franck, un motif d'andante et un motif d'allegro" (JFM, 1919).


"Il n'y a pas, à proprement parler, un seul centre à ce livre, autour de quoi viennent converger mes efforts ; c'est autour de deux foyers, à la manière des ellipses, que ces efforts se polarisent. D'une part l'événement , le fait, la donnée extérieure; d'autre part, l'effort même du romancier pour faire un livre avec cela. Et c'est là le sujet principal, le centre nouveau qui désaxe le récit et l'entraîne vers l'imaginatif" (JFM, 1921)




Le roman d'un collectif de poètes lycéens Des espoirs générationnels suivra-t-il la voie de la fragmentation et de la composition musicale ouverte par le roman gidien ?

Une présentation du roman d'un poète : Un nid pour quoi faire d'Olivier Cadiot, pour illustrer l' esthétique romanesque contemporaine dont André Gide pourrait être l'un des précurseurs...

à suivre...




cf. L'art de la fugue dans Les Faux-Monnayeurs d'André Gide : une écriture protéiforme avec suites et variations (Caloub = "boucla")

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