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Abîme
Par-dessus les flots, j’irai au gré des marées,
Fouetté par les embruns, porté par les courants :
Inscrivant sur l’eau le tracé de mon passé.
Je m’en irai, dans le néant de l’océan.
Je ne pleurerai pas, ne pardonnai rien,
Mais je serais écume emportée au vent ;
Et je serai seul, bien seul, comme un orphelin,
Par le fond, attiré - comme par un amant.
Quentin
Abîmes
Par les flots bleus béant, j’irai par les courants,
Fouetté par les embruns, briser l’onde glacée ,
Songeur, j'aspirerai l’azur de l’océan.
J’inscrirai sur l’eau le tracé de mon passé.
Je ne pleurerai pas, ne pardonnai rien,
Mais je serais écume emportée au vent ;
Et je serai seul, bien seul, comme un orphelin,
Par le fond, envouté - comme par un amant.
Quentin
Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux- comme avec une femme.
Arthur RIMBAUD